• Les anarchistes (film, 2015, Netflix)

    Un policier est chargé d'infiltrer un groupe d'anarchiste en 1899. De fil en aiguille, il s'amourache d'un membre du groupe et commence à développer de l'affection pour beaucoup d'entre eux.  

     

    Les anarchistes (film, 2015)

    Crédit photo et vidéo : France 2, Will Bunch

     

    Un sujet politique brûlant et une période historique peu exploitée du cinéma

     

    Cela commence par un visage en très gros plan. C'est celui d'une jeune femme, que l'on devine du côté anarchiste, qui explique les origines de son combat politique. Ses paroles s'égrainent, des paroles d'où émergent un dégoût profond de la bourgeoisie.

    Qui est cette femme et quel rôle joue-t-elle, nous ne le saurons que bien plus tard. Cela n'en rend que le récit plus intrigant encore.

    Le brigadier Jean Albertini est chargé d'infiltrer ces groupes anarchistes. Albertini accepte cette mission car il vit lui aussi dans des conditions misérables et il est orphelin. Albertini ira jouer l'espion jusque dans les usines et partagera le rude quotidien de ces prolétaires.

    La suite ? vous la devinez déjà sûrement. Tiraillé entre son travail d'espion et l'affection qu'il développe pour le groupe, ses états d'âme seront nombreux. 

    Voilà pour les grandes lignes. Nous sommes dans les débuts de l'ère de l'industrialisation "du Grand Paris", transfiguré pour l'occasion. Rares sont les réalisateurs et producteurs qui se sont aventurés sur cette période historique française. Pourquoi ? peut être tout simplement pour des raisons budgétaires, à moins que cela ne soit tout bonnement par manque d'inspiration.  

     

    Les anarchistes, c'est un décorum et une ambiance particulière

     

    Les anarchistes nous rappellent douloureusement la misère de la condition ouvrière de l'époque. Pour ceux qui avaient connaissance de ces vies de forçats, c'est une piqure de rappel. Pour les autres, cela sera peut être une découverte. Que l'on soit au courant ou pas des rudes conditions de vie d'alors, l'on ne peut y rester indifférent.    

    Le premier mérite de ce film est déjà de nous faire prendre conscience du chemin parcouru en matière de lutte contre la pauvreté. J'en vois d'ici certain(e)s qui me soufflent à l'oreille qu'il reste encore beaucoup à faire en la matière...Mais là n'est pas le sujet et ne nous égarons pas.

    La personnalité de Jean Albertini (incarné par Tahar Rahim) nous laisse déjà entrevoir qu'il s'acoquinera avec ses compagnons d'infortune. (photo de groupe ci-dessous).

    Les anarchistes (film, 2015, Netflix)

     

    Cette évolution est très clairement perceptible dès le départ, mais c'est le cheminement pour en arriver là qui est intéressant. "Les anarchistes" doivent énormément à l'acteur Tahar Rahim. A lui seul, il parvient souvent à installer ce climat de doute qui envahit constamment deux camps : celui des opposants (les anarchistes) d'une part, et celui de ceux qui sont du côté du pouvoir/de l'ordre établi. Il n 'est pas étonnant, d'ailleurs, que Tahar Rahim ait décroché un prix d'interprétation pour ce rôle, en 2015. (Chistera de la meilleure interprétation masculine).

    L'acteur Swann Arlaud (Elysée Meyer) et Adèle Exarchopoulos (Judith) parviennent sans peine à nous faire prendre conscience des raisonsLes anarchistes (film, 2015, Netflix) de cet engagement politique.

    Ainsi, le microcosme anarchiste prend forme sous nos yeux éberlués. Autres moeurs, autres temps. Judith préfigurait sans doute les suffragettes avec son caractère indépendant et bien trempé. (ci-contre)

     

    L'ambiance est révolutionnaire, mais vous n'en serez guère étonnés. Les anarchistes revendiquent, discutent à tombeaux ouverts, s'empoignent vertement et "font des coups" pour grapiller quelques sous. Ici on vilipende la bourgeoisie, l'exploitant, le rentier, et l'on tente s'accrocher, tant bien que mal, à un idéal sociétal. 

     

    Mention spéciale aux accessoiristes, aux costumiers et à Elie Wajeman

     

    Nous devions déjà 2 épisodes "du bureau des légendes" (2ème saison, 2016) à Elie Wajeman, dont vous pouvez consulter la fiche allociné ici.

    Mais j'espère sincèrement qu'Elie Wajeman pourra bientôt nous régaler d'une autre production du même acabit. C'est fouillé, doté d'un message profond, très abouti dans le raisonnement et le final. Bref, même si Elie Wajeman a manifestement plusieurs cordes à son arc (acteur, réalisateur et scénariste), il m'apparait comme prédisposé à prendre une plus ample place dans la production du cinéma français.

    Je tenais également à souligner le travail (qui a dû être titanesque) des costumiers et autres accessoiristes dans ce film. Brassens chantait "mourir pour des idées", et ce film résume assez bien jusqu'où peut aller l'engagement politique.

     

    MA NOTE GENERALE : 6,5/10

     

     

     

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