Le périple d'un jeune soldat allemand, plongé dans l'horreur de "la Grande Guerre", autrement dit, la première guerre mondiale.

Après le succès de 1917, voici donc une autre sortie consacrée à la première guerre mondiale. Celle-ci est directement tirée d'un récit pacifiste du même nom (lequel fut interdit ensuite sous le joug des nazis). Comme Netflix diffuse également "les combattantes", il y'a manifestement un regain d'intérêt pour cette période historique.

Difficile d'expliquer ce soudain attrait du cinéma pour ce qu'il est convenu d'appeler "la Grande Guerre". Peut être n'est-ce après tout "qu'un effet de mode" passager, provoqué par les succès récents énumérés ci-dessus. 

La civilisation, prélude de l'enfer sur terre

Première particularité de taille, le spectateur suit le fil narratif sous les yeux d'un jeune soldat allemand...Un parcours que l'on prend vraiment plaisir à découvrir, de son enrôlement jusqu'à ses premiers faits d'armes. 

De ce fait, nous avons un vague aperçu des prémisses de la guerre...Comme la civilisation du début du siècle dernier nous apparait si lointaine avec ses codes vestimentaires et ses principes moraux !

Et puis, vient la guerre proprement dite et son cortège d'horreurs quotidiennes... Des soldats pour qui le terme "chair à canon" n'a jamais aussi bien porté son nom. Des pataugeages dans la boue, le froid, la faim, la vermine, sous le fracas des balles et des obus. L'angoisse de la mort, permanente, qui fait vaciller les convictions les plus profondément ancrées.

Tout ceci est parfaitement dépeint dans le film, qui n'a aucun mal à nous persuader de l'absurdité d'une guerre. Les contrastes, saisissants, nous volent à la figure : vies répugnantes et sordides des hommes de troupes d'un côté, vie luxueuse des officiers prussiens de l'autre.

Les hommes du front mangent à même le sol des tranchées, les officiers supérieurs prussiens jettent des cuisses de poulet à peine tièdes à leurs chiens  (bien mieux traités que leurs subalternes). 

 Une oeuvre dure, poignante et spectaculaire

N'attendez pas d'histoires d'amour en filigrane...Ni de visages féminins pour adoucir l'ensemble. Tout juste peut-on entrapercevoir quelques paysannes vaquer à leurs occupations dans un champs. Côté distraction hors guerre, comptez plutôt sur la lecture d'une lettre envoyée par une épouse à son mari ou le vol de volailles à des paysans.

"A l'ouest rien de nouveau" est une oeuvre qui montre la sauvagerie à l'état brute, lorsque la folie s'empare des hommes. Le film dénonce aussi ouvertement les guerres d'égos qui pullulaient au sein des états majors et entre les nations.

N'ayant pas lu le livre, je ne peux pas vous dire si cette adaptation lui est parfaitement conforme. Néanmoins, l'occasion m'est donnée de saluer le travail époustouflant et particulièrement éprouvant de toute l'équipe du film. Il faut le visionner entièrement pour se rendre compte de ce qu'ont dû endurer les équipes de tournage du film.

L'acteur principal (Felix Kammerer) est vraiment éblouissant dans son rôle et sera certainement appelé à rejoindre d'autres productions prochainement. Sans en dire plus, certaines scènes de combat sont tantôt poignantes, bouleversantes et révoltantes à la fois. 

"A l'ouest rien de nouveau" nous ravit par ses scènes spectaculaires, filmées souvent par plans larges. C'était un tout autre monde dont le réalisateur a réussi à nous ouvrir les portes, sans négliger l'aspect émotionnel. Comme si nous étions transportés, soudainement, avec Paul et ses compatriotes dans une  guerre sans merci.

L'atmosphère de la signature de l'armistice, glaciale et pesante, augurait déjà de la seconde guerre mondiale. Du grand et beau cinéma, comme on l'aime. 

MA NOTE : 8/10